Les robots symbiotiques du professeur Okada

De nombreux robots-compagnons sont produits au Japon sur des modèles conceptuels très proches de ceux qui président à la fabrication des poupées de silicone : conçus comme des êtres en creux, proches de l’animal domestique, ces robots ne visent pas à reproduire l’humain « en mieux », mais au contraire à en fournir une version « pathétique », marquée par l’immaturité, la déficience ou l’infirmité. Ces robots, en apparence, ne servent pas à grand-chose. Comment comprendre que les laboratoires japonais accouchent de prototypes qui s’inscrivent à rebours des attendus habituels en matière de robotique ? En comparant la fabrique des love dolls avec celle des robots sociaux, j’aimerais apporter un éclairage inédit sur ce phénomène et, ce faisant, questionner l’association d’idée entre robot et humain augmenté. Les machines les plus efficaces en matière d’accompagnement des humains sont-elles forcément fonctionnelles et performantes ?

Agnès Giard est anthropologue, chercheuse postdoctorale, à Freie Universität Berlin, au sein du projet EMTECH (Emotional machines: The Technological Transformation of Intimacy in Japan) subventionné par le Conseil Européen de la Recherche . Ses recherches – qui portent sur l'industrie des simulacres affectifs (low/middle/high-tech) dans le contexte du dépeuplement du Japon – mettent en regard la consommation des produits de consommation émotionnels et le stigmate frappant les personnes qui vivent seules, ainsi que la perspective d’une mort sans descendance. Elle est l’auteur de sept livres dont trois ont été traduits et publiés au Japon. Sa thèse – récompensée en 2015 par le prix spécial du jury de l’Université Paris Nanterre – publiée aux Belles Lettres sous le titre Un désir d’humain – est distinguée par le prix ICAS-GIS qui récompense les cinq meilleurs ouvrages en français publiés dans le domaine des études asiatiques.

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En pratique

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