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Axe Rythmologies


Les individus, les territoires et les organisations à la recherche de nouveaux rythmes.

Ressentir, saisir, gérer, composer… le rythme d’un chant, d’une danse, d’une vidéo, d’un match sportif, d’une journée de travail, d’un chantier, de réformes structurelles... Vivre la répétition du quotidien, la sidération d’une pandémie, le cycle des saisons, les évolutions du climat, le vieillissement, l’irruption d’une intelligence, la précarité d’une économie, le déplacement d’une communauté, le changement des genres, le choc d’un deuil, l’immobilisme d’une institution…

Face aux mutations de notre temps, le rythme apparait comme outil de déchiffrage et de transformation des mondes et des pratiques individuelles et collectives. La notion de rythme déborde largement l’évidence des cadences mesurées, des cycles ; elle englobe les fluctuations paisibles ou désordonnées du cours des vies et de leurs cadres. Chacun dans son quotidien ou sa discipline (scientifique, technique, artistique…) a pu éprouver, pressentir, intellectualiser ces formes temporelles qui marquent l’intimité du corps et la complexité des lieux. « Rythmologies » est un axe de partage de telles expériences persistantes ou fugaces.

La proposition s’inscrit dans une approche « indisciplinaire » (Citton, 2012 ; Cuchet 2024), entrelacement de savoirs, théories, méthodologies et pratiques qui ouvre le champ des possibles en termes de lecture, de représentation, d’interprétation et d’expérimentations loin des certitudes de la modernité. Elle s’intègre dans une « prospective du présent » (Heurgon, 2008) et comporte des dimensions critiques, réflexives et apprenantes (Senge, 1990 ; Gwiazdzinski, Drevon, 2018).

Le projet, démarré en 2020, explore ce vaste concept, au sens archaïque du grec rhythmos ou « manière de fluer » (Benveniste, 1974), que la définition platonicienne et latine avait limité à un « ordre du mouvement », répété, mesuré. Embrassant la diversité des changements, des déplacements et des transformations, de la matière et de l’esprit, du réel et du virtuel, cette heuristique s’est avérée féconde dès les premières réflexions sur les lieux et leurs habitants, exemplifiées dans l’ouvrage « Rythmes et Flux à l’épreuve des territoires » (Ed. Rhuthmos).

L’approche rythmologique invite à dépasser les cadres, accepte le risque d’extrapolations hasardeuses (Verron). Elle appréhende les répétitions et les développements des écosystèmes (Bigot) comme ceux de la vie économique qui s’inscrivent dans le cours du temps, mais qui dépendent aussi de l’espace (Tritz). Le rythme s’inscrirait même dans l’espace sans se référer au temps: dans la lignée de Vitruve reprise par Maldiney 1973, il s’impose dans l’esthétique architecturale, mais aussi dans son éthique (Younes). L’indisciplinarité rythmologique échappe aux focalisations politiques de la rythmanalyse (Lefebvre H., 1992). Elle accepte de lier le jeu des formes, des figures ou de l’informe des constructions périurbaines, à celui des constructions poétiques (Cankat). Elle invite l’urbaniste à puiser dans la musique ou ailleurs des façons d’accorder leur place à l’impensable et à l’inattendu, pour allier planification et improvisation (Soubeyran).

Pour cette saison 2024-2025, nous continuerons, pour nourrir notre réflexion, à prélever dans diverses disciplines les concepts et les données, à les accommoder, pour comprendre les lieux les territoires, et au-delà. Offrir des mots, des modèles et des exemples sur les innombrables manières de fluer. En plongeant dans le réel, en s’élevant vers ce qui flue dans l’harmonie et le chaos immenses du monde.

 

Responsables de l'axe

christian.graffatuniv-grenoble-alpes.fr (Christian Graff)
lucmarcgatgmail.com (Luc Gwiazdzinski)

Laboratoires associés

Séminaires Rythmologies

- Des échanges hebdomadaires : échanger sur les rythmes à travers et au-delà des disciplines
- Des conférences mensuelles : découvrir avec un invité les rythmes dans sa discipline. [En savoir +]


 

Mots-clés

Rythmes, chronotopie, flux, choc, pulsation, stase, amortissement, résonance, couplage, night studies, temporalités, mobilisations, incertitude, crise, improvisation, géo-chorégraphie, design de politiques publiques, espace public, vide, silence, interaction, organisations apprenantes, innovations, accélération, ralentissement, indisciplinarité, phénologie, eurythmie, tourbillons, informel, séquentiel

Publié le 18 mai 2020

Mis à jour le 6 septembre 2024