Rythmes et improvisation

Comprendre les phénomènes par les rythmes a de quoi séduire la pensée en aménagement. Les phénomènes deviennent des objets connaissables (l’ordre), munis d’une administration de la preuve (la prévision). Pour peu qu’on puisse en connaître les modalités de production, les rythmes constituent aussi un outil d’intervention, ayant parfois un pouvoir de vie ou de mort. Dans ces conditions, l’improvisation représente peut-être leur contraire, en tous cas ce qui résiste, la part d’insaisissable, peut-être d’inconnaissable et en cela subversif du phénomène étudié. Lorsqu’elle représente l’action aménagiste, l’improvisation en incarne l’échec. Lorsqu’elle est l’expression du fonctionnement de ce qu’on n’arrive pas à mettre en ordre, l’improvisation représente l’ignorance mais aussi la méfiance que l’on a vis à vis du phénomène.
Par ces temps de crises et de menaces aussi multiples que profondes qui nous poussent à déconstruire nos évidences, on ne peut pas ne pas se poser la question : « et si c’était le contraire qui était vrai ? ». Une piste que nous explorerons en nous aidant de la référence au jazz, où rythme et improvisation sont dans un tout autre rapport.  

Olivier Soubeyran est géographe, professeur émérite de l’Université Grenoble Alpes. Ses enseignements, recherches et publications portent sur les théories de la planification environnementale, la prospective, les conséquences du changement climatique, et les relations entre la pensée aménagiste et la pensée géographique. Avec Vincent Berdoulay, il vient de publier L'aménagement face à la menace climatique. Le défi de l'adaptation (UGA Éditions, 2020).

En pratique

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